Des nouvelles du front
4 mois lundi pour mon bouchon. Marrant comme la notion du temps peut être double. Comme il peut à la fois passer très vite, quand je regarde les premiers clichés de Paul. Mais comme aussi, il peut s’étirer en longueur, à la faveur des jours de crises et des nuits blanches.
Espérer qu’il grandisse pour que la vie soit plus simple, et regretter aussitôt que cette pensée ait pu traverser mon esprit. Cruel dilemme.
Tiens, un clef pour expliquer ce besoin impérieux de m’avoir à ses côtés ?
Non, les choses ne sont pas forcément plus faciles en ce moment. Mais je suis pleine de courage et soutenue, ce qui fait ma (notre) plus grande force.
Grâce à Super Papa, j’ai pu reprendre ma thérapie. Ce n’est déjà pas facile en temps normal, cela relève de l’exploit quand on est épuisé, mais il n’était pas question de tout lâcher. Tant de mois d’efforts pour retarder mon avancée, no way. Alors je relève mes manches, je note mes rêves quand je dors (pas gagné ) et surtout, je tente d’être lucide et franche sur ce que je vis avec Paul, ce qui n’est pas forcément simple et parfois, oui…très culpabilisant.
Et puis ma sage-femme. Ma si précieuse sage-femme. J’étais allée à la voir pour la rééducation du périnée, pensant bêtement me cogner les fameux chateaux forts et autre joyeusetés, telle une machine, pendant 10 semaines. J’aurai du surtout me souvenir qu’elle est aussi perchée que moi et qu’elle allait avoir autre chose à m’offrir.
Pas de chateaux forts ni de pont levis avec elle, mais une méthode radicalement différente, faite de postures de yoga, d’étirements. Où il est question de respiration, de réappropriation de son corps, de son équilibre. Et puis, un espace de parole aussi. Elle me connait maintenant, et la confiance qu’il y a entre nous permet le dialogue. Même si parfois, ce qu’elle a me dire n’est pas facile à entendre…
Oui, Paul pleure beaucoup. On a longtemps cherché une cause médicale, mais après avoir testé une pharmacie entière, on a peut être compris que ses pleurs font parti de lui. De son histoire, de notre histoire. Qu’il faut parfois l’accepter et patienter en l’accompagnant pleinement, sans forcément fuir.
Tiens tiens tiens…ça me rappelle quelqu’un ça…mais il nous avait fallu plus de temps que ça pour le comprendre….
Chacun de mes enfants m’auront appris quelque chose. Tom, ce fut le courage de tout envoyer bouler. Juliette, la force d’enfin affronter mes démons. M’est d’avis que Paul m’envoie tout droit sur le chemin du lâcher prise…
Mais pfiou, c’est dur.