Et ce bébé alors ?
(je vais parler au masculin dans tout le billet, n’y voyez pas une allusion, je parle bien du « bébé » )
Qu’il a été difficile pour toi et moi de se connecter. Pourtant tu étais attendu, encore plus peut être que pour ta soeur et ton frère, puisque tu t’es installé au second cycle d’essai. Mais ces nausées, ces horribles nausées ont encore gâché nos premiers mois ensemble.
(D’ailleurs, en aparté, mais il m’aura fallu 3 grossesses pour pouvoir l’affirmer haut et fort, même si ce n’est pas très politiquement correct : je hais le premier trimestre de la grossesse. Littéralement. )
Ces vomissements m’ont tellement affaibli, que je n’y voyais plus clair. J’en suis venue à avoir des pensées terribles, à culpabiliser évidemment. A ne plus dormir la nuit, rongée par ce que je ressentais. Tu étais là, sous ma peau, j’aurai tant donné pour me sentir bien, ne serait ce qu’une petite heure, pour me connecter à toi et te donner déjà tout l’amour que je ressens.
Mais jusqu’à l’écho des 12SA, je ne savais même pas si tu étais bien là, si tu grandissais comme il le fallait. La sage-femme ne m’a pas touché lors de notre premier rendez-vous, et à part le papier d’un laboratoire, rien ne me raccrochait à toi. Personne ne le savait, pas même les enfants. Que c’était dur.
C’est peut être pour ça que tu t’es manifesté si tôt. Lors de l’anniversaire du mariage de tes parents, quel coquin tu fais. Déjà. Comme si tu avais voulu me dire « hey…je suis là tu sais. Je suis le fruit de ce que vous fêtez ce soir. Tu l’oublies pas hein ? »
Oh non je ne l’oublie pas. Quand on t’a découvert sur l’écran de l’échographe, tu étais si beau. Tout calme, tu m’as fait penser à ton grand frère. Tu ne voulais pas bouger, malgré les secousses de l’échographe, parce qu’on ne pouvait pas te mesurer. Tu dormais, tu ne voulais pas être dérangé. J’aurai pu passer des heures à regarder ton profil.
Tu adores quand ton frère et ta soeur crient. Tu bouges toujours, c’est drôle, on dirait que tu veux déjà leur exprimer ta présence, jouer avec eux. Tu adores la musique, surtout Simon & Garfunkel, alors je te mets « Old Friends », tous les jours un peu. Tu aimes te lover dans ma main quand je la pose sur mon bas ventre, comme on me l’a appris en haptonomie. Tu prends déjà tellement de place, c’est dingue.
J’espère que tu seras heureux parmi nous, parmi cette famille qui n’attend que toi. On t’aime déjà tellement.
Notre cinquième petit doigt de la main. ♥